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L’e-mmédiateté des blogs

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Un billet sur les blogs, les publications universitaires et l’architecture éphémère.

À l’échelle temporelle de la publication, les blogs sont des ouvrages éphémères. Ils sont souvent rédigés et prévus pour s’inscrire dans le flux flot quotidien d’informations de notre e-mmédiateté numérique. Le passé d’un blog ne remonte souvent qu’à guère plus de quelques années, parfois à quelques mois, et sa durée d’existence (prévue ou non) est très souvent du même ordre.

J’ai déjà évoqué la faible légitimité des blogs. Aujourd’hui, je voudrais évoquer leur caractère éphémère.

Les blogs ne sont pas des références solides

Les références bibliographiques sont comme les fondations d’un bâtiment. Si tu fondes ton pont sur un lit de sable, il ne faut pas t’étonner qu’il écarte les piles (et je reste poli).

Une référence solide est une référence qui assure les descentes de charges : c’est une référence sur laquelle tu peux t’appuyer.

Même un article publié dans la plus obscure des revues universitaires a plus de légitimité qu’un blog suivi par des centaines de milliers de lecteurs.

Certes, les billets de blog sont « publiés », mais ils ne profitent pas du support concret de l’ouvrage.

[Note du traducteur ton serviteur : c’est d’ailleurs là l’étymologie du concrete anglais : le béton est une forme de concrétion solide et bien réelle qui constitue une assise stable pour la construction d’un ouvrage].

Conclusion : si tu souhaites fonder ton article sur des bases solides, amie lectrice maîtresse de conférence universitaire, choisis des références concrètes, pas des blogs.

D’accord pour les références, mais quid des données ?

En février 2013, la chercheuse Helle Vrønning Dam de la fac de com de l’université danoise d’Aarhus, avait publié les résultats d’une étude sur les traducteurs-bloggeurs.

Un an plus tard, grâce à Internet et aux réseaux sociaux, sa publi a attiré l’attention de quelques-uns des « sujets » qu’elle avait étudié.

[Note du traducteur ton serviteur : jusqu’à l’avènement d’Océania, la recherche intéressait les gens parce qu’elle était utile. Aujourd’hui, la recherche n’est utile que si elle intéresse les gens. En novlangue universitaire, on appelle cela le research impact, ledit impact devenant le but de la recherche en question]

En mai dernier, Corinne McKay, auteure de l’un des blogs qui faisaient « l’objet » de cette étude s’en était aperçue (que son blog faisait l’objet de ladite étude, tu suis ou tu te récures le tarin ?) :

Trois jours plus tard, dans un billet fort à propos intitulé « la recherche sur, pour et avec les traducteurs », Graham Turner, chercheur à l’université écossaise d’Heriot Watt, exhumait une ancienne publi de la sociolinguiste Deborah Cameron (et oui, encore elle) concernant la déontologie universitaire.

Turner arguait qu’il est tout à fait possible pour les chercheurs et les professionnels de joindre leurs efforts dans la poursuite d’un profit commun et d’un bienfait mutuel, l’objectif ultime étant évidemment la défense de l’intérêt des personnes pour qui, en fin de compte, les interprètes, les traducteurs et les chercheurs travaillent tous.

En d’autres termes, épouille-moi et je t’épouillerai. Travaillons ensemble puisque cela ne peut nous être que bénéfique et profitable (en français, une nuance subsiste entre ces deux adjectifs, sauras-tu deviner laquelle ?).

Les ouvrages éphémères

L’architecture éphémère peut varier de quelques heures à quelques années suivant les intentions de l’architecte [tu as raison, amie lectrice étymologiste pinailleuse, on pourrait donc tout aussi bien la qualifier d’épéthesse, du grec ἐπί (« sur ») et ετήσια (« annuel ») ou plus simplement, de temporaire].

Mais pourquoi changeu-jeu de sujeu t’interrogeus-tu ?

Justement, je n’en change pas. L’architecture éphémère est un type d’ouvrage qui se caractérise par une absence d’impératifs de solidité (tiens! comme les blogs…), d’où le choix de supports non durables et de techniques structurelles propres (tiens! comme les blogs…). L’architecture éphémère n’est pas un ersatz en attendant la production d’un ouvrage solide durable (tiens! comme les blogs…). L’architecture éphémère constitue un ouvrage qui existe pour lui-même, à des fins ludiques ou le temps d’une manifestation (tiens! comme les blogs…).

Les ouvrages éphémères sont donc dignes d’être étudiés, non pas pour ce qu’ils remplacent hypothétiquement, mais pour ce qu’ils sont réellement.

Sauf que, par voie de conséquence, toute étude portant sur des ouvrages éphémères est vouée au même sort.

En effet, un an après la publication de l’article de Dam sur les traducteurs-bloggeurs, on remarque déjà l’obsolescence de ses données : les blogs de Fabio Said et d’Abigail Dahlberg, Fidus Interpres et The Greener Word, deux des vingt blogs sur lesquels portait son étude (soit 10 % des données), ont déjà disparu de la toile, c’est dire le caractère éphémère de ce type de « publications ».

 


Classé dans:architecture moderne, blogs, déontologie, profession, purpose, réseaux sociaux, Twitter

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